Montagn'hard (version courte)

Me voila donc sur la ligne de départ de cet Ultra Tour du Mont-Joly, autrement connu sous l'appellation la Montagn'hard avec au programme 100 kms et 8200 m D+ !
J'ai, comme très souvent, passé la nuit à virer et revirer dans ma couche à la recherche du sommeil indispensable..
Autant dire, que lorsque le départ est lancé, je suis un peu dans le gaz, mais également bien conscient que la nuit suivante sera difficile à passer avec ce déficit de sommeil...
Mais bon, il est 5h00 et j'ai bien le temps de voir venir !



Le ciel est clair, l'aube naissante laisse entrevoir les sommets enneigés du massif du Mont-Blanc : une belle journée s'annonce.



Le départ est commun aux 2 courses : 57 et 100 kms...Dans la nuit, difficile de voir qui fait quoi, je cherche donc à trouver mon propre rythme.
Nous sommes rapidement dans le vif du sujet : après 300 mètres de légère descente nous attaquons une première pente pour nos 400 premiers mètres de D+....Les bâtons, interdits jusqu'au 5ème km sont déjà utilisés par beaucoup de monde ! (Méconnaissance du règlement ?) .



Je me sens bien, il ne fait pas froid et le soleil commence à faire rougeoyer les montagnes...



C'est le moment également de basculer pour 600 m de D-...Et cette première descente, sur piste roulante mais à pourcentage "hard" me provoque une "contracture" dans mon quadriceps droit plus qu'inquiétant en ce début de course...Moi qui n'ai jamais de problème de ce type ???
J'essaye donc de gérer jusqu'à ce que la pente se radoucisse, et je relance sans forcer.



Arrivés en bas, il nous faut remonter 470 m de D+ (je risque de me répéter de nombreuses fois au cours de ce récit : monter, descendre, monter...) vers Montivon, Pour cette 2ème montée, je sors les bâtons qui deviendront rapidement de précieux auxiliaires dans les descentes.



traverser la voie à crémaillère du Tramway du Mont-Blanc, avant de rebasculer



vers le premier poste de ravitaillement des Toilles, en contrebas à 7h17...
J'ai encore souffert des quadris dans cette descente ! Je m'attendais à une attaque en règle du côté de "ma" sciatique, attaque qui n'aura pas lieu, et ce sont mes quadris qui me font des misères !!! A rien y comprendre!



Je consulte mon plan de bataille bâti pour un finish en 28 h, qui me donne un temps de passage à 8h00 : suis-je parti trop vite ? Je n'en ai pourtant pas l'impression.

Un tronçon de piste permet de dérouler une petite foulée avant d'attaquer la montée vers le col de la Forclaz , le Mont-Joly est bien lointain vu d'ici !



La montée agréable se poursuit en forêt jusqu'au col



avant de bifurquer à droite, direction le Prarion.

Au détour d'un virage, l'aiguille du Midi



puis le Mont-Blanc



avec en arrière plan Les Fiz



et c'est l'ensemble du massif



qui se laisse découvrir au fur et à mesure...



Grandiose, magnifique :



Tout cela vaut bien un petit arrêt au sommet du Prarion (1989 m) pour une petite vidéo panoramique :



et une petite photo souvenir :



Le soleil est au rendez-vous, je quitte les manchettes et me tartine bras et cuissots de crème solaire avant de repartir vers l'Hôtel du Prarion,



puis sur un superbe chemin en balcon qui contourne la Tête de la Charme



avant de basculer



pour rejoindre un nouveau monotrace en balcon avec les dômes de Miage en fond d'écran.



Je savoure ces instants, le moral est regonflé, les quadris se sont fait oublier...Tout va bien.



Les paysages sont magnifiques, les multiples chalets le sont tout autant :



Et c'est tranquillement, sans trop souffrir de mes "contractures-quadri" que je rejoins le 2ème ravitaillement à Bionnassay au pied du glacier du même nom à 9h53 ( pour 10h48 min sur mon plan de marche, soit 1 h d'avance)



juste après le ravitaillement, je rejoins un couple qui fait également le 100 km, ils ont également 1h d'avance sur leur plan, mais sur un plan non pas en 28h comme le mien mais en 34 heures ???

Objectif suivant, 900 mètres de D+ pour passer le col du tricot que nous ne tardons pas à apercevoir :



Il nous faut pour cela passer la désormais passerelle de Bionnassay, pas si impressionnante que cela : ça bouge à peine .



La montée qui suit est particulièrement raide, la chaleur ne facilitant pas les choses.
La vue sur le glacier de Bionnassay, avec cet éclairage, est "scintillante".




Alors que les premiers du 37 kms, partis plus tard, nous dépassent sous le col du Tricot, je ressens mon premier coup de moins bien : mal de tête, souffle cours...Effets de l'altitude ? Nous ne sommes qu'à 2000 m, alors que je ressens habituellement ces symptômes au dessus de 2500 m !



Petite pause hydratation au col, pause contemplative également sur les dômes de Miage :



J'ai moins le sourire en découvrant les 600 m de D-, droits dans la pente, qui doivent me mener au ravitaillement des chalets de Miage, tout en bas...



C'est avec des quadris en feu, que ce 3ème ravito est rejoint à 12h16 (toujours 1 h d'avance sur mon plan)..Cette descente va laisser des traces, et mon optimisme commence à s'émousser.



Un petit point à ce moment : 31 kms et 2700 m D+ de parcourus en 7h10, 1/3 du total...

La suite va devenir plus compliqué sur le tronçon suivant : une première grimpette de 180 m d+, suivi de 450 m D- en trottinant sur les portions les moins raides



et c'est reparti pour 650 m de D+ dans la combe d'Armancette....Hard, je comprend mieux, Montag'Hard....
Ca commence à coincer dur : de nouveau ce mal de tête, souffle court, nausées...C'est au mental que le petit balcon avec vue directe sur le Mont Joly est atteint...
Et là : gros coup au moral à l'idée de devoir monter là haut dans quelques heures, certainement à la tombée de la nuit...



Un petit bout de descente avant d'avoir le refuge de tré la tête en point de mire :



Du refuge, je découvre l'intégralité du "reste à parcourir"...Et je commence très sérieusement à envisager me rabattre sur la version "courte" malgré les encouragements à ne pas lâcher des différents coureurs engagés comme moi sur le long.
Pour la première fois de la journée, je m'assois 5 minutes.



La descente est technique, à l'instar des chemins que j'ai l'habitude de parcourir dans les Pyrénées.



Arrivé à la cascade de la combe noire, nous devons revenir vers les Contamines par un sentier qui n'en fini plus...
Mon Gps affiche 46, puis 47 kms...Le ravitaillement ne doit plus être très loin ! 48, 49, 50 kms...Enfin les Contamines....Encore 500 m et c'est le ravito : il est 17 h 45 ( pour 18h16 sur mon plan).

Je suit cuit façon Grumlie rôti et regardant ce qui nous attend là haut, songe à tout arrêter ici.

Les autres "ultras" m'encouragent, s'encouragent : "on va y aller au bout", "ça va le faire"....

Je laisse passer l'orage dans ma tête, me lève et part, bien décidé à finir au moins la version courte.



La montée est raide, très raide...Je prend un rythme régulier, dépasse sans comprendre certains engagés sur la 57 !!! J'ai pourtant l'impression de me trainer !



Ca cogite dur dans ma tête, et si je tentais quand même la grande boucle ???
Mais, la réalité me rattrape : je ne peux plus rien avaler; même la friandise spéciale "ça remonte le moral" ne passe pas.

Le sentier finit par s'aplanir, je pense que la bifurcation n'est plus très loin.




Je profite du soleil couchant pour photographier le chemin parcouru en face :



Arrivé à Porcherey, je découvre les derniers 200 m de D+ avant la bifurcation, mon chemin de croix du jour.
Je n'avance plus, mal de tête, nausées...Je sais que je dois m'alimenter mais ça ne passe pas...Ni gel, ni barre de céréale, ni biscuit...Cela ne m'était jamais arrivé, je ne comprend pas...



Ce que je comprend, c'est que je ne suis plus en mesure de poursuivre l'aventure et c'est donc sans hésitation, qu'au point de contrôle, je bifurque direction "la maison".
Plus que 5 kms...Plus que...



Mais ça descend toujours aussi hard.



je franchi la ligne à 20h50, après 15h45 de course...
Un classement spécial version courte me positionne en 25ème place sur les 41 concurrents qui auront fait le même choix que moi.

Un peu présomptueux de ma part cet engagement sur le 100...
J'y ai cru un moment !

Mais aucun regret d'avoir du me contenter de la version "courte" (je n'arrivais plus à avaler quoique ce soit après les Contamines, et je pense que continuer m'aurait certainement conduit à abandonner plus tard) et surtout une vraie satisfaction d'avoir pu faire  ces 63 kms (et non 57) et 5000 m D+  ( il y a encore 5 mois, je ne pouvais pas courir du fait d'une sciatique persistante...)

J'ai pu profiter du "grand spectacle" que nous offrait ce magnifique parcours ! et pu croiser tellement de kikous que je n'ose les citer de peur d'en oublier!

Un grand bravo à l'organisation pour le tracé et la qualité du balisage.

Un grand bravo aux bénévoles pour leur gentillesse avec une mention spéciale pour le Bagnard à tré la tête et le très gentil Petit Franck aux Contamines.

Bravo à tous les participants, finishers ou non car pour du hard c'est du hard.



Montagn'hard 57


Commentaires


Commentaire de loicm posté le 04-07-2011 à 17:34:16

Bravo !! sur la 37 cette année par manque d'entrainement, j'ai fait la 57 l'année dernière. Je confirme les 63km, et C'EST un gros morceau. J'ai hais, insulté cette dernière descente aussi avec une TFL. Encore Bravo ! Je crois que nous nous sommes croisés dimanche matin dans la salle des osteos. Bonne recup à toi


Commentaire de Bert' posté le 04-07-2011 à 17:58:45

En te lisant, je retrouve beaucoup de tes sensations, y compris l'incapacité d'avaler grand choses après les Contamines... et, malgré mon agonie, me souvient t'avoir aperçu sur la fin (je suis arrivé 10mn après toi) !
En tout cas super ton récit et reportage photos ! Et un grand bravo pour ce come-back ;-)
La Montagn'Hard c'est pas de la tarte...


Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 04-07-2011 à 23:05:38

Bravo à toi, Francis!
La MoinsHard est moins hard, mais elle est bien hard quand même! ;-)
Beau retour à l'ultra en tout cas avec une telle épreuve, chapeau!


Commentaire de Berty09 posté le 04-07-2011 à 23:41:47

Si près du but, c'est dommage! Non, je rigole. Dans le genre défi balaise, tu fais fort. Grand respect et bonne récup.



cocolecyclo
site/blog
le 29-09-2011 à 23:02:59 C'est en regardant les sites de blog4ever (où j'ai le mien) que j'ai trouvé le tien. J'étais aussi à la Montagn'hard sur le 100, mais j'ai eu la chance en ce qui me concerne que tout roule à merveille ce jour là, ce qui a été moins le cas lors du Grand Raid des Pyrénées. Bravo déjà d'avoir fait la version mini, ce n'était pas de la tarte, mais c'est vrai que c'est un rageant quand on se sent près pour le grand tour. Tu n'auras plus qu'à remettre ça l'an prochain ! Bravo aussi pour ton compte-rendu et tes photos, de superbe qualité. Qu'as tu comme appareil photo ? Au plaisir de se rencontrer sur le terrain.

yvan
site/blog
le 04/07/2011 à 07:40:05
(vidéo) : c'est ce qu'on appelle un panorama !!!

Vivement la suite !
Steve
le 04/07/2011 à 17:16:12
Un trés grand bravo à toi. Comme tu le dis il y a 6 mois de ça tu ne pouvais même pas faire un petit trot sans douleurs.
Ah les nausées et mal de tête je connais ça, les même qui m'ont conduit à l'abandon aux Templiers 2009 sous tes yeux.
En tout cas trés content de ton retour avec nous sur les entiers. Attention, les tempes grises sont toujours là !
Merci pour ces belles photos.
romain
site/blog
le 04/07/2011 à 19:10:21
Et bien sacré morceau! Bravo pour cette version "courte". Et en plus même pas un petit coup de sciatique pour t'enquiquiner! Pour la prochaine version du grumlie rôti, j'espère que cela ne sera pas à l'Aneto!
Bonne récup et à bientôt sur les sentiers.
Jerome
le 04/07/2011 à 20:22:50
Bravo pour cette belle aventure.
Ca donne vraiment envie.
Merci pour ces belles photos.
Bonne recup.
Linda et Jerome
Zeze
le 04/07/2011 à 21:57:36
Bravo Francis quelle aventure seul dans les Alpes. Grande lecon de courage et d abgnegation. A mediter pour le GRP.
yvan
site/blog
le 04/07/2011 à 22:15:23
Bravo ! 63 km/5000 m D+, c'est effectivement du costaud.

Superbes paysages,merci pour le reportage !

Content de voir que ton squelette a tenu le coup et dommage pour les soucis d'alimentation.

Bonne recup à toi et la bise à Flo !

Michel
site/blog
le 06/07/2011 à 18:43:03
Plus de 15h de course, c'est déjà du très costaud. Reste à analyser le pourquoi de ces problèmes d alimentation.
Bravo pour ta course et pour ces jolies photos, ce doit être très beau en vrai et surtout moins peuplé que des courses voisines.





03/07/2011
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