Templiers 2008
Je ne devais pas y aller, je ne devais pas terminer....
Préambule : A la suite du grand raid des Pyrenées que j'ai eu du mal à récupérer (presqu'un mois sans vraiment courir, des douleurs dans les jambes), j'avais adressé mon courrier d'annulation à l'organisation le 28 septembre dernier.
Cette annulation n'ayant pas été prise en compte, je me suis quand même décidé de prendre le départ avec l'idée d'aller jusqu'où je pourrais car sans entrainement spécifique et avec les contractures régulières aux mollets, je ne me faisais pas trop d'illusions sur mon sort.
Samedi : Alors me voici parti pour le village de Nant pour récupérer mon dossard.
Cela fait, je vais retrouver Michel qui tient le stand des Citadelles, nous discutons quelques minutes et nous nous souhaitons bonne course sans nous douter de la suite des opérations..Je passe la fin d'après midi à regarder et encourager les arrivants des différentes courses (marathon des Causses, VO2 trail, templière) et en espérant voir l'arrivée d'Yvan (Lapeyrotte) , la nuit commence à tomber et le froid m'oblige à regagner ma voiture transformée pour l'occasion en campingcar non luxe et sans option.
Dimanche : LA GRANDE COURSE DES TEMPLIERS
72 Kms-3100m D+
Après vérification de l'équipement, direction la ligne de départ vers laquelle convergent les 2700 participants à cette grande fête. L'émotion est palpable, chacun énonce l'espoir de faire tel ou tel temps, pour moi la question ne se pose pas en ces termes : jusqu'où irais-je ?
Et le départ est donné à 5 h 15, toujours aussi magique :
Et c'est parti. La foulée est légère, les sensations sont bonnes, je me sens porté par la masse des coureurs, la nuit est étoilée, pas de douleur, tout va bien.
Je me retourne pour regarder la procession de frontales derrière moi :
Et je reprend ma course dans la nuit, ne voir que les pieds du concurrent qui me précède, sensation toujours aussi irréelle de pouvoir avancer sans fin :
Premières côtes dans la nuit :
Première suée :
J'arrive à Sauclière en 1h44 soit avec 30 min d'avance sur la barrière horaire, le moral est là avec un accueil extraordinaire :
Et c'est reparti pour la longue montée vers le trop fameux St Guiral, le jour se lève,
Les paysages se découvrent :
Nous remontons vers le col de la Guérite :
Et la troupe avance tel un long serpent :
Quelques replats nous permettent de courir :
Le Saint Guiral enfin atteint, première grosse difficulté franchie :
Nous attaquons ensuite la descente vers Dourbies :
Et l'arrivée au ravitaillement de Dourbies où l'accueil est extraordinaire :
Et me voilà à mi-parcours : 37 kms de parcourus, mais le dernier kilomètre fut très pénible (après coup, je pense à un coup de fringale), la tentation de m'arreter là est très forte;
"Je ne suis pas spécialement venu pour terminer, je n'ai rien à prouver, je suis content d'être arrivé jusqu'au 37 ème km, je suis fatigué, j'ai mal aux jambes" sont autant de bonnes excuses pour en terminer à Dourbies.
Je me dirige néanmoins vers les tables du ravitaillement abondamment garnies (je ferais une orgie de tartines au Roquefort) et là grosse surprise : c'est Michel qui vient me serrer la main. Michel, qui habituellement est très loin devant moi, est en galère : mal aux jambes, plus d'envie. Et pourtant, il repart.
Photo Michel
Comme au Grand Raid des Pyrénées, de le savoir à la peine me redonne un peu de moral : mon état n'est peut être pas si catastrophique. je me restaure, refait le plein en eau et repart avec l'espoir de rejoindre le point de ravitaillement de Causse Begon au km 52!!
Et c'est reparti, à l'attaque de la terrible montée vers les crêtes du Suquet, quelques concurrents font demi-tour (coup au moral ou coup de fatigue). Ragaillardi, je monte régulièrement, dépasse même quelques concurrents.
Presqu'en haut de la côte, nouvelle surprise ; Michel en train de se rafraichir.
Un grand sourire qui masque sa souffrance : il me dit vouloir arreter à causse Begon, voir à Trèves. Je suis de son avis, je pense m'arréter à Causse Begon : 52 kms, je serais loin d'être ridicule.
Je poursuis la route à ses côtés, discutant de tout et de rien; les jambes vont mal mais le fait de ne plus être seul et de pouvoir discuter me rebooste (façon de parler : pas de sprint effréné pour l'instant).
Nous longeons donc tranquillement les crêtes du suquet
Photo Michel
Nous attaquons la descente vers Treves par une magnifique Combe sur un chemin tortueux à souhait qui nous redonne l'envie de trottiner.
Arrivés en bas, à Trèves, Michel à retrouvé un peu de moral et nous partons dans la longue montée vers Causse Bégon, nous croisons Gibus qui nous prend en photo:
Photo Gilbert
Michel me prend à son tour avec Gibus
Photo Michel
La pente se redresse, le paysage est sauvage à souhait, nos esprit sont dans un état second et j'arrive à faire abstraction de la fatigue pour avancer pas après pas
Une voix m'appelle de l'autre côté de la falaise, c'est Gibus qui nous prend en photo:
Photo Gilbert
Et ça continue de monter durement, certains participants sont à la dérive...
Photo Michel
Photo Michel
Nous arrivons au ravitaillement de Causse Begon, encouragements et messages de soutien nous accueillent
Nous avons environ 1 h d'avance sur la barrière horaire, nous décidons de continuer . Nous prenons donc le temps de bien nous ravitailler.
"Ensemble jusqu'au bout" me dit Michel qui retrouve le sourire et l'entrain...Pour les jambes, on verra plus tard.
Et nous voilà repartis vaille que vaille, l'aventure continue, car on peut véritablement parler d'aventure pour les rescapés que nous sommes..Direction le dernier ravitaillement, la dernière barrière horaire.
Nous disposons de 2h30 pour parcourir les 12 kms qui nous séparrent de Cantobre : trop facile...
Paysages toujours aussi magnifiques :
Trop facile, c'était sans compter sur l'espiéglerie des traceurs à nous mettre des bâtons dans les roues et vu l'état dans lequel nous sommes, les difficultés techniques qui sont pour nous habituellement du pur bonheur, deviennent du pur calvaire...C'est avec à peine 30 min d'avance sur la barrière horaire que nous atteignons Cantobre au km 64 où l'accueil est encore une fois formidable.
Mais le plus important, c'est que nous sommes passés..Nous prenons conscience que nous irons jusqu'au bout quoiqu'il arrive. Après s'être restaurés, nous repartons .
Photo Michel
pour les 8 derniers kms qui commencent par un sentier taillé pour les sangliers qui remonte sur 4 kms.
Photo Michel
Photo Michel
Arrivés en haut, le soleil se couche, va t'on devoir sortir les frontales avant l'arrivée?
Nous arrivons au plus qu'espéré roc Nantais.
Photo Michel
Y a plus qu'à descendre, le moral est au plus haut, même pas mal, toutes les souffrances s'oublient, la voix du speaker au loin nous attire comme un aimant....Mais attention, attention, restons vigilant : la descente présente des passages délicats et la luminosité étant très faible, il faut rester concentré dans ces derniers 400 m D-.
Photo Michel
A l'entrée de Nant, Michel se met à courir, porté par les encouragements des spectateurs, je me sens tenu de le suivre. Un dernier rapaillou calme nos ardeurs puis c'est le sprint final, les 400 derniers mêtres nous font retrouver nos jambes de 20 ans et nous franchissons la ligne d'arrivée main dans la main.
Ca y est : nous sommes finisher 2008.
"Enorme" me dit Michel. Et les sentiments que je ressens justifient parfaitement le nom de mon blog.
Tu as raison Michel , Enorme de ne rien avoir laché, Enorme d'être allé au bout de soi, au bout du chemin : un exemple que devraient suivre certains de nos champions qui n'hésitent pas à s'arreter dès qu'ils sentent la victoire leur échapper.
Difficile également de relater toutes les pensées, émotions partagées dans cette complicité de circonstance, mais chapeau bas et un grand merci à Michel .
Nous aurons donc mis 13h00m29s pour parcourir ces 72 kms : pas une grande performance sur le plan sportif mais un véritable exploit vis à vis de nous même.
Finisher 2007, finisher 2008....2009 ???
Ne manquez pas de lire le magnifique récit de mon compagnon de route, Michel, sur Sentier libre , son blog.
Commentaires
Steve site : sport-nature11.blogspot.com | le 27/10/2008 à 19:03:37
ENORME, c'est le mot. Bravo à toi et Michel pour votre aventure commune. Vous avez formé une super équipe, ça me donne la chair de poule et une grosse envie de continuer ma remise en forme pour être pret pour le Trail des CITADELLES.
Maintenant place au repos pour toi.
A bientôt j'espère sur un sentier ?
Steve.
grumlie site : grumlietraileur.blogspot.com/ | le 27/10/2008 à 19:42:58
Bravo Francis!!! Quelle belle association avec Michel.
Beau travail d'équipe pour rejoindre l'arrivée malgrè toutes les difficultés.
Bonne récup et à bientôt pour de nouvelles aventures sur les sentiers...
yvan le 27/10/2008 à 20:09:52
"un exemple que devraient suivre certains de nos champions qui n'hésitent pas à s'arreter dès qu'ils sentent la victoire leur échapper."
c'est pour moi que tu dis çà ???? ;-)
encore bravo à vous les gars pour etre allé au bout de ce truc de fou...
yvan
tooom site : tooom.sport.fr | le 28/10/2008 à 15:22:20
Bravo les gars. Felicitations pour avoir fini malgre la difficulte et la douleur. Beau recit, ca donne envie. Ca va etre dur de faire un choix l'an prochain entre tous les trails!!!!
Recuperez bien pour etre en pleine forme pour le prochain.
Michel site : sentier-libre.blogspot.com/ | le 29/10/2008 à 09:52:42
Salut Francis,
De course en course, on se connaissait un peu plus et puis là, on a vécu un grand truc ensemble.
Au plaisir de boire un demi ensemble et de se remémorer ces moments, encore et encore.
Finalement les Templiers, ça se mérite.
gd corps malade le 01/11/2008 à 14:49:52
Que de souvenirs ,que d'émotions en consultant ce blog!!!!
J'ai fini les Templiers très peu de temps avant vous ...par défi au cancer qui me mine mais attendra encore un peu son jour!!!!
Merci pour les photos et les commentaires que je partage totalement.
cawito46 le 06/11/2008 à 19:15:49
super blog,
super récit des Templiers. Cela donne la chair de poule en le lisant et en visionnant les vidéos.
Cela donne vraiment envie de vivre de bons moments comme celui là.
Bravo m'sieur Francis et m'sieur Michel. Respect.
Commentaires sur Kikourou
Bonne récup.
bises
agnès
Trés beau récit qui relate bien les différents états d'esprit dans lesquels nous pouvons être plongés lors d'une épreuve.
La ténacité paie, l'émulation aussi.
Bonne récup.
nous t'avons vu arrivé avec Michel ! grandiose ! vous étiez si heureux ! bravo pour ton courage !
récupère bien...
Bravo, 2 fois bravo.
Une bien belle aventure humaine avec Mic31
Bonne recup
Heureux de t'avoir de nouveau recroiser après l'Aubrac
A la prochaine sur à nouveau une grosse epreuve
bonne récup
gibus