Trail du Cagire
C'est en mode rando-course que je compte participer à ce trail du Cagire (que j'ai déjà gravi lors d'une rando-course au départ du col de Buret) dont le départ est donné au stade d'Aspet.
Arrivé une bonne heure avant le départ pour être tranquille, je me rend rapidement compte que l'organisation est un peu dépassée : les dossards des préinscrits ne sont pas triés dans l'ordre des numéros (il me faudra presque 10 minutes pour que l'on trouve le mien) et dans le même temps, de nombreux coureurs veulent s'inscrire malgré que le site internet de l'organisation ait bien spécifié que le trail était complet…
Je cherche à connaître le nombre de points de ravitaillement et leur situation pour faire mon choix entre bidon et poche à eau, réponse : "il y en a assez" !
Une chose est sure : il pleut !
Au moment du départ, le speaker nous spécifie que la descente du col du pas de l'âne est sécurisée par une corde ! C'est donc un ou plusieurs passages sur neige assurés.
8h : le départ est donné. Je me positionne en fin de peloton, mais après avoir longé le stade,
c'est le premier goulot d'étranglement et également les premiers pas de patinage.
Deuxième chose de sure : ce sera boueux et glissant.
Je prends mon rythme, alternant course et marche rapide dans toute la première montée,
pour parcourir ensuite la piste en mode footing, tout en discutant avec un triathlète ariégeois du trail des citadelles et de ses conditions mythiques de boue; conditions du jour parfaitement similaires !
Le col de Buret est atteint en 1h02,
conformément à mon tableau de marche : certes, cette course n'est pas un objectif pour moi, plutôt une sortie longue durcie, mais le petit logiciel que j'utilise me donnant une possibilité de finir en 5h40, je signerai bien pour un moins de 6 heures.
Un tronçon de route et nous voilà rapidement en phase de montée,
puis de montée très pentue pour rejoindre la piste qui nous mène au parking de la Couage atteint en 1h40, pile poil dans mon plan.
C'est là que les choses sérieuses commencent.
Nous empruntons le sentier classique du Cagire qui doit passer à proximité de la cabane de Juzet, mais aux abords de celle ci, nous nous engageons sur un sentier en crête.
La pente est raide, mais certainement aidé par mes bâtons, je trouve un très bon rythme qui me permet de gagner, tout au long de ces 1000 m de dénivelé une vingtaine de places.
Toujours aucune visibilité sur le paysage, mais je comprends rapidement le choix de ce parcours sur la crête qui est parfaitement déneigée, alors que les pentes du sentier normal ne le sont pas.
J'y croise une équipe de Soulac sur Mer qui se demande dans quelle galère elle s'est fourvoyée. Ca glisse toujours beaucoup et je pense que nous laissons beaucoup d'énergie à compenser glissades, pertes d'équilibre et mouvements de rattrapage aux branches.
Plus nous montons, plus le froid se fait sentir, et une fois atteint le sommet de Pique-Poque, je préfère enfiler mes gants. Aucune visibilité : franchement dommage, je pensais profiter d'un magnifique paysage avec en toile de fond les Pyrénées enneigées.
Cela fait 3 heures que nous sommes partis (le plan me donnait 2h40 pour le sommet : un peu présomptueux de ma part de faire 1000 m de D+ en 50 minutes) et je fais une croix sur un finish en 5h40 et vise désormais le 6 heures.
Le sol est glissant, je descends donc avec précaution vers le col du pas de l'âne.
Les cloches tintent dans la montagne : des courageux sont venus nous encourager…Les bénévoles, nombreux à veiller à notre sécurité, ont l'air frigorifiés.
Nous attaquons la descente du col, transformée en toboggan naturel. Malgré la corde de sécurité, il m'est impossible de rester debout…Je descendrai donc accroupi, tout en glissade.
Pour certains, plus téméraires et/ou plus agiles, cela ne posera aucun problème, tandis que pour d'autres ce sera la grosse gamelle…
C'est prudemment que le refuge-ravito de Larreix, qui marque la mi-parcours est atteint.
Le sentier repart à flanc, en légère descente bien boueuse. Confiant, j'allonge la foulée pour me retrouver instantanément les quatre fers en l'air et bien sur couvert de boue, mais positivons, je ne me suis pas blessé.
Mais comme qui dit l'autre : "ça calme".
Le sentier remonte légèrement et se transforme rapidement en monotrace étroit et parsemé de rochers affleurants bien trempés (il pleut toujours!). Impossible pour moi de courir dans ces conditions! Je ne dois pas être le seul dans ce cas : je ne perd pas distance par rapport au petit groupe 100 mètres au loin et le concurrent juste derrière moi décline mon invitation à passer devant.
Le sentier finit par s'élargir pour se transformer en piste sur laquelle il fait bon pouvoir courir sans crainte sur 2 ou 3 kms
jusqu'à ce que nous soyons invités par les signaleurs à quitter la piste pour remonter sur un sentier. Juste un petit ressaut de 2 mètres à franchir pour rejoindre le col de Couret. Nous sommes au vingtième km.
A peine ai-je pris appui sur la première marche du ressaut qu'une crampe à l'ischio me foudroie net. En reculant, c'est la même crampe mais sur l'autre jambe qui se déclenche.
Me voilà bien ! Je suis tétanisé par la douleur. Je ne peux plus faire un mouvement sans relancer les crampes. Je me masse, je bois, je me masse….Pendant ce temps, ce sont une quinzaine de concurrents qui passent dont un à qui arrive la même mésaventure! "Bienvenu au club" lui dis-je.
Le signaleur, inquiet de mes souffrances, me propose de me ramener en voiture ! Je laisse passer l'orage, fait quelques pas et finit par franchir le ressaut en toutes petites et prudentes enjambées. Et miracle, je trottine…
Pas bien longtemps : dans la descente qui suit, un dérapage redéclenchera les crampes…Je masse, je bois, je laisse de nouveau les contractions s'estomper et décide de marcher, et uniquement marcher tant que les petits points douloureux n'auront pas complètement disparus;
Cela "tombe bien", le sentier est "incourable" sans risquer la chute. Je prends donc mon mal en patience et avance malgré tout.
A une bifurcation sur piste, les bénévoles me proposent une tartine avec une sardine que je ne refuse pas (ce n'est pas forcément un ravitaillement diététique et sportif mais cela fait beaucoup de bien au moral!).
Les petites douleurs et contractures finissent par disparaître et c'est avec une bonne foulée que je rejoins le col de Buret.
Plus que 9 kms ! C'est en trottinant que je parcours le mono trace en faux plat montant, c'est en courant que j'aborde l'avant dernière descente.
Personne ni devant ni derrière depuis le col de Buret, mais c'est avec un entrain retrouvé à la perspective d'en finir que j'attaque la dernière bosse (300 m de D+).
En sortant de la forêt, j'aperçois plusieurs concurrents qui semblent "à l'arrêt" ! Petit à petit, je remonte sur eux et finit par dépasser 4 d'entre eux avant de basculer pour les 2 derniers kms et finir en 6h08 ce parcours de 34 kms et 2100 m de D+ .
C'est au jet d'eau que je me décrotterai avant d'aller manger le repas (daube en plat chaud, mais vraiment de la "daube") d'après course sous un chapiteau (tandis que les podiums ont lieu dehors, dommage).
Un grand merci à tous les bénévoles pour leurs encouragements tout au long du parcours et ce malgré un temps "pourri".
Quand à moi, je pense qu'il va falloir que je sois beaucoup plus vigilant sur mon hydratation, et ce dès le départ, quitte à me forcer à boire…Ces crampes aux ischios, ça fait trop mal.
Commentaires
Commentaire de Benman posté le 03-06-2013
wahouou. Ambiance montagne et pétole... bravo pour finir ainsi malgré les crampes.
Commentaire de Fane301 posté le 05-06-2013
Bonjour Francis31,
moi c'est Stéphane (fane301) et je suis le concurrent qui à eu les crampes exactement au même endroit. Félicitation pour avoir terminé dans ces conditions et pour ce compte rendu.
Je débute moi aussi un blog (http://fane32run.blogspot.fr/) avec compte rendu de courses, je voulais savoir si il était possible de me servir d'une ou deux photos pour embellir mon blog.
Merci à bientôt.
Commentaire de domi81 posté le 07-06-2013
des conditions hivernales qui usent plus que d'ordinaire. félicitations pour avoir continuer au courage.
bonne continuation Francis. ;)
Commentaire de laulau posté le 07-06-2013
Quelles conditions pénibles ! Mais tu enchaînes les trails sans pépins physiques, tant mieux !