WEC en vallée d'Ustou
Jour 1 La journée s'annonce magnifique et c'est avec enthousiasme que nous nous enfonçons au cœur du cirque de Cagateille
C'est la fonte des neiges là haut et de multiples torrents et cascades nous empêchent de garder les pieds au sec...
Et nous rentrons rapidement dans le vif du sujet :
Vers 1500 m d'altitude, nous quittons le traditionnel sentier qui monte à l'étang de la Hilette, abandonnant par ailleurs la civilisation, car nous ne croiserons plus personne de la journée.
Le sentier, ou plutôt la sente grimpe durement dans le bois et se perd parfois nous obligeant à "jardiner" un peu ...
Nous finissons par sortir du bois...Il fait très chaud et les gouttes commencent à tomber.
J'aperçois au loin la crête qui doit nous mener à notre premier objectif du jour : le pic de Séron..
Cette voie semble peu enneigée jusqu'au sommet,
mais pour s'y engager, nous devons traverser le déversoir de l'étang de Piède, ce qui nous vaut, après quelques minutes d'hésitation, un bain glacial jusqu'à mi-cuisses....
puis nous devons remonter vers le plateau de Gérac via la mini via ferrata (sans danger).
et finissons par prendre pied sur la crête.
Il nous reste environ 600 de dénivelé à remonter. Optimiste, j'annonce à Flo :"dans 1 h nous y sommes"...Il nous faudra un peu plus de 2 heures !
Il faut dire que le terrain n'est pas celui que je m'attendais à parcourir : un enchevêtrement de blocs dans lequel il faut louvoyer
sans trop s'éloigner de la ligne de crête, tout en évitant les passages sur neige et les blocs trop imposants; les mains nous sont aussi utiles que les pieds !
Heureusement, nous ne rencontrons pas de passages trop aériens ou vertigineux.
Par contre au débouché d'un bloc, nous faisons une rencontre rarissime : un lagopède alpin, en tenue hivernale, est perché devant nous, à quelques mètres ! Le temps de sortir l'appareil photo, il s'envole en émettant son cri si particulier..
De plus, autant le ciel reste bien bleu devant nous, derrière nous, ce n'est pas la même musique, les nuages montent au fur et à mesure que nous nous élevons !
Le sommet est en point de mire ! C'est toujours en mode semi-escalade que nous progressons...Un petit passage sur neige en perspective me fait sortir les crampons six pointes,
mais Flo, aux avants postes (car pressée d'atteindre le sommet pour redescendre rapidement) depuis que nous entendons l'orage gronder au loin vers le Mont Valier m'encourage à grimper directement...
Pourtant, le matin même, les sites météo consultés n'annonçaient pas d'orages, juste de "rares averses" !
J'ai la fringale et la tête commence à tourner, je croque un bout de pâte d'amande pour rejoindre Flo au sommet...
La vue est magnifique malgré un ciel désormais bien chargé..Ne trainons pas et allons-y !
Un coup d'œil sur la voie retour envisagée (par la cabane de Turguilla) nous fait déchanter : trop de neige, trop risqué (le sentier ne sera pas visible)...Donc pas le choix : demi-tour !
Mais par là non plus, c'est pas jojo : les nuages sont remontés assez haut ! Mais pas le choix.
La "désescalade" est aussi pénible que la montée : l'humidité qui se dépose sur la roche nous oblige à descendre avec précaution pour ne pas glisser.
Un coup de tonnerre, beaucoup plus proche, nous incite à nous poser la question : ne devrais pas t-on se trouver un abri sous roche ?
Pour ma part, vu que nous voyons pas d'éclair, je suis persuadé que l'orage se déroule sous le manteau nuageux.
Pour accélérer le retour, Flo est même prête à plonger dans la mer (de nuages) :
Une fois le pied de la crête rejointe, il nous faut à nouveau passer par les passages "via ferrata"...Là aussi, c'est plus compliqué : la pluie commence à tomber et ça glisse.
Et dans la foulée nous retraversons le déversoir de l'étang de Piède, pas moins glacé que le matin !
Nous n'avons toujours pas mangé ! Nous faisons la pause dans un abri sous roche...Polaire + coupe vent nous permettent de ne pas trop nous refroidir malgré nos pieds trempés.
Le moment est venu de faire le point : le temps est bouché, il pleut, nous avons laissé pas mal de jus dans cette "ascension" : nous décidons de faire une croix sur la suite envisagée, à savoir : monter à la pointe de la Hilette pour redescendre vers l'étang du même nom et poursuivre vers l'étang d'Alet.
C'est donc dans une brume-brouillard bien épaisse que nous prenons le chemin du retour;
retour très pénible : la roche est très glissante et le sentier très difficile à suivre (la fonction retour à la maison du gps nous est bien utile)
La soirée, humide, se déroulera devant un chaleureux et réconfortant feu de bois ( il ne fait heureusement pas trop froid).
Jour 2 : Nous nous réveillons le lendemain matin vers 6h30 : le ciel complétement bouché ne nous incite pas à sortir du duvet...
Nous décidons malgré tout de tenter le projet envisagé : cabane de Marterat au départ d'Ossèse et retour par la cabane de Bonrepos..(J'ai même envisagé la possibilité de monter au pic de Martérat par son versant sud !) .
Nous retrouvons de l'enthousiasme à l'idée de retrouver un ciel bleu plus haut...Et si ce n'est pas le cas, nous aurons fait "une journée de sport pour le sport".
Le démarrage est fastidieux : nous avons des "jambes de bois" et le reste du corps (bras, dos) tout courbaturé...
La journée d'hier a laissée des traces...Mais nous finirons par monter en température assez rapidement.
Malgré la brume, nous apercevons les impressionnantes cascades sur l'autre versant.
Nous progressons tranquillement, sans nous poser de questions : le sentier est parfaitement tracé et balisé. Nous sommes également seuls au monde : nous ne rencontrerons personne de la journée.
Tout va bien jusqu'au replat de Maillat : le sentier traverse ce qui n'est certainement qu'un ruisseau en été, mais qui est aujourd'hui un torrent impétueux, infranchissable en apparence !
Flo s'approche pour en sonder la profondeur...
Pour ma part, c'est la puissance des flots qui m'inquiète...
Nous cherchons donc un autre point de passage plus haut : rien.
Flo veut tenter le coup, alors que je suis partisan de faire demi-tour, d'autant que le ciel est toujours complétement bouché !
On est donc là à hésiter, chercher un passage depuis 20 bonnes minutes lorsqu'un petit "miracle" se produit : les nuages disparaissent en quelques secondes laissant place à un magnifique ciel bleu et au sourire émerveillé de Flo :
Et, la connaissant bien, je sais que je ne vais pas y couper, on doit traverser; ce que l'on fait en ayant pris soin de s'assurer mutuellement avec une corde de 6 mm...Et ça passe !
Nous rejoignons la croix de la Portère pour découvrir l'incroyable décor qui s'offre à nos yeux...
Le regain d'optimisme est néanmoins tempéré par la vue de nombreux névés, dont celui du couloir de gauche que l'on doit traverser à mi-hauteur et remonter pour rejoindre la cabane de bonrepos au retour : trop de pente, trop dangereux , je fais une croix sur ce projet : ce sera un A/R simple à la cabane de Marterat.
Encore faut-il l'atteindre cette cabane...Les coulées d'avalanches et névés ne nous facilitent pas les choses !
et lorsque ce n'est pas la neige, c'est l'eau qui nous oblige à la prudence dans cette rude portion :
Jusqu'à présent nous avions réussi à contourner tous les passages enneigés jugés délicats
lorsque vers 2100 mètre, il nous faudrait effectuer une traversée pour changer de versant.
Le passage complétement enneigé, en dévers et au dessus d'un à-pic est bien trop dangereux : une chute y serait fatale.
Les crampons que nous avons sur nous ne sont utiles que pour les franchissements de névés verglacés et, après avoir jardiné un peu pour voir s'il serait possible de contourner l'obstacle, nous abandonnons l'idée de rejoindre la cabane de Marterat, pourtant si proche !
L'idée m'effleure un court instant de tenter un retour par le col des Crusous, bien visible, mais ne connaissant pas l'état du terrain de l'autre côté et surtout en voyant les nuages remonter de la vallée
nous optons pour la solution la plus prudente : un retour par le même chemin...
Prudence, prudence ? Pas très prudent d'aller chatouiller le museau d'un ours !
Pendant la pause casse-croute, nous aurons peu de temps pour observer les marmottes qui gambadent au dessus de nous avant de nous retrouver dans la brume
brume qui se transforme rapidement en brouillard épais
Plus bas, pas le choix, il nous faut retraverser le torrent, malgré l'absence de soleil pour nous réchauffer !
Le final se fera ,malgré la fatigue, sur un bon rythme pour se réchauffer.
Arrivés à la voiture, Flo me dit "on a quand même eu de la chance aujourd'hui, il n'a pas plu" .
A peine sa phrase terminée, une grosse averse nous oblige à précipiter notre départ !
En conclusion de ces 2 jours : une petite déception de n'avoir pu réaliser complétement les circuits envisagés (un peu trop tôt dans la saison) mais une grande satisfaction d'avoir profité du " bon air de la montagne", s'être forgé un mental "tout temps-tout terrain" et mis 3000 m de D+ dans la musette.